En décembre 2023, le Conseil d’Etat genevois a validé le changement de nom de neuf rues, qui mettront en valeur des femmes qui ont marqué l’histoire de la Ville. Il s’agit de la 3ème volée de féminisation des noms de rues menée par la Ville de Genève.
La Collective salue cette annonce qui la concerne tout particulièrement. En effet, la Rue de l’Ecole-de-Chimie où est situé le bâtiment, sera renommée Rue Pearl Grobet-Secrétan. Le changement de plaque aura lieu dans le courant du mois de mai 2024.
Appelée à devenir un lieu de référence sur les questions de genre et d’égalité, La Collective se réjouit beaucoup de cette féminisation. Avec un nom de rue mettant en valeur le parcours d’une femme qui a remarquablement marqué l’histoire des luttes féministes à Genève, La Collective sera parfaitement en phase avec ses valeurs et ses missions.
Qui était Pearl Grobet-Secrétan ?
Pearl Grobet-Secrétan est une enseignante, suffragiste et militante socialiste, née à Londres en 1904 et décédée à Genève en 1988. Elle suit des études universitaires à Londres et à New York avant de s’installer à Genève en 1947. Elle s’engage pour le droit de vote des femmes et milite pour la mise en place d’un planning familial. Pearl Grobet-Secretan est également très active dans la Genève internationale et devient déléguée auprès de l’ONU pour la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté et pour la Fédération internationale des droits humains.
Pourquoi féminiser les noms de rues ?
Les femmes et les hommes n’utilisent pas l’espace public de la même manière. La féminisation des noms de rue contribue à favoriser l’appropriation par les femmes de l’espace public en reconnaissant leur rôle dans l’histoire et le rayonnement de Genève. En envoyant un message fort sur l’inclusion, cette démarche positionne aussi Genève comme une ville engagée dans la promotion de l’égalité. De plus, la féminisation des noms de rue visibilise les femmes ayant marqué de manière pérenne l’histoire de Genève.
La féminisation des rues est un engagement de nombreuses villes européennes. Avec 7% de noms de rue féminisées Genève reste très loin derrière les autres villes telles que Stockholm (19.5%) ou Madrid (18.7%). Nous sommes aussi loin derrière Copenhague, Berlin, Barcelone, Lisbonne, Vienne, Varsovie, Paris1. La féminisation des rues est un processus de changement culturel, social et politique. Y mettre une fin est une décision qui portera des conséquences sur la position de la Suisse en matière d’égalité.
Le projet 100elles*
Initié par l’association féministe l’Escouade, le projet 100Elles* a proposé une liste de cent femmes et minorités de genre ayant marqué l’histoire de Genève, afin de renommer une rue à leur nom. Jusque-là, seulement 7% des personnes ayant donné leur nom à une rue genevoise sont des femmes et minorités de genre.
Proposant dans un premier temps des “plaques alternatives” roses en plus des noms officiels, le projet s’est ensuite pérennisé grâce au soutien de la Ville et du Canton de Genève. En 2019, 10 rues ont été officiellement rebaptisées au nom d’une femme, et 9 supplémentaires en 2022. L’annonce du Conseil d’Etat du 6 décembre porte donc le total à 28.
1Alice Corona, Lorenzo Ferrari, “The gender gap in Europe’s street names is here to stay”, European Data Journalism Network, Mars 2023