Le 8 mars, journée de lutte féministe

Depuis plus d’un siècle, le 8 mars est une date emblématique des combats et revendications féministes. Depuis quand célèbre-t-on cette date ? Et qu’est-ce que cette journée représente aujourd’hui en Suisse ?

À l’approche du 8 mars, vous avez peut-être remarqué des publicités proposant des réductions sur des parfums, des fleurs ou des vêtements, présentant cette journée comme la « journée de la femme ». Pourtant, le 8 mars est loin d’être une « fête de la femme » commerciale. Tout d’abord, parce que « la » femme n’existe pas : les femmes sont plurielles et leurs expériences du sexisme le sont également. D’autre part, parce qu’en plus de renforcer des stéréotypes de genre, ces stratégies marketing instrumentalisent une longue histoire de lutte pour les droits des femmes. Car le 8 mars est d’abord une journée emblématique des combats féministes, qui célèbre les progrès pour l’égalité.

Alors, pourquoi se mobiliser le 8 mars et que fête-t-on exactement ?  

Une journée de lutte pour les droits des femmes

Pour comprendre l’origine de cette date symbolique pour les droits des femmes, il faut remonter à l’année 1910, au moment où apparaît l’idée d’une « Journée internationale des femmes ». À ce moment-là, la journaliste et politicienne féministe allemande Clara Zetkin participe à la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes qui se déroule à Copenhague. S’inspirant de manifestations ouvrières des États-Unis, elle propose que toutes les femmes socialistes organisent une journée dédiée aux droits des femmes dans leurs pays respectifs. L’objectif immédiat : obtenir le droit de vote pour les femmes. La centaine de femmes présentes, issue de 17 pays, adopte la proposition : la « Journée internationale des femmes » est née.

En Suisse, cette journée est organisée pour la première fois un an plus tard par l’Union suisse des ouvrières. À partir de 1917, le 8 mars a été choisi pour incarner cette date symbolique. Depuis lors, diverses revendications ont été formulées : l’accès à l’éducation, la lutte contre les discriminations et les violences, ainsi que le droit à disposer de son corps. Malgré les différentes mobilisations, la Suisse a longtemps brillé par son retard : il a fallu attendre 1971 pour que les femmes puissent voter au niveau fédéral, 1988 pour qu’elles aient le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari et 2004 pour que le viol conjugal soit poursuivi d’office. 

Des inégalités persistantes

Malgré les avancées réalisées ces dernières décennies, le chemin vers l’égalité est encore long. Les femmes, ainsi que les personnes transidentitaires, intersexes ou non-binaires, sont toujours surexposées aux violences et aux discriminations fondées sur le genre. Les statistiques1 suisses à ce sujet sont édifiantes :

  • Le revenu des femmes est inférieur en moyenne de 43,2% à celui des hommes2
  • 60,5% des femmes ont réduit leur taux d’occupation pour s’occuper de leurs enfants, contre 14,4% des hommes3 
  • 16% des minorités de genre ont été victimes d’agressions physiques en raison de leur identité de genre4 
  • 59% des femmes ont fait l’expérience de contacts, étreintes ou baisers non désirés5
  • Une femme sur cinq a subi des actes sexuels non consentis6

Loin d’être acquis, les droits des femmes et des minorités de genre sont fragiles et régulièrement menacés, comme en témoignent les récentes attaques contre le droit à l’avortement dans divers pays occidentaux et la montée en puissance de mouvements réactionnaires. Au-delà de cette journée du 8 mars, il est donc essentiel de faire du combat pour l’égalité un enjeu social, politique et collectif de chaque instant. 

Que faire en ce 8 mars 2024 ?

Du 1er au 10 mars, la Ville de Genève organise une Semaine de l’égalité sur la thématique de l’écoféminisme. Pour explorer les multiples liens entre inégalités de genre et crise environnementale, le service Agenda 21-Ville durable propose une programmation tout public, des ateliers scolaires et la publication d’une bibliographie

Trois événements auront lieu à la Collective cette semaine :

  • Du 7 au 31 mars, l’artiste suisso-algérienne Nadia Merzoug expose “Les femmes disparaissent”, une réflexion sur le male gaze et l’invisibilisation des femmes dans l’industrie du cinéma
  • Samedi 9 mars 14h-18h30 : workshop « Quelles pratiques écoféministes pour les hommes ? » organisé par NOUSSOMMES
  • Samedi 9 mars 10h – 17h : Atelier « On en a marre » proposé par Viol-Secours et le collectif Jeannine et la scie sauteuse

Vous pouvez également rejoindre le défilé organisé par le Collectif de la Grève féministe ou assister aux événements du Service égalité & diversité de l’Université de Genève.

Deuxième Congrès de l’Internationale socialiste, Copenhague 1910.
Au centre : Alexandra Kollantaï et Clara Zetkin
Wikimedia Commons